Depuis quelques années, on entend parler de la psychologie positive. Il serait aisé de penser que c'est un concept à la mode. Et pourtant, sa découverte date des années 1960, quand Carl Rogers, psychologue humaniste, a décrit le fonctionnement optimal d'un individu. Abraham Maslow, un autre psychologue humaniste connu pour avoir conceptualisé la pyramide des besoins, s'est intéressé aux habilités des patients qu'il rencontrait, au-delà des dysfonctionnements psychiques. C'est donc une nouvelle ère qui s'ouvrait pour la psychologie : la santé mentale n'était plus uniquement un concept décrivant une réalité malheureuse teintée de troubles et de symptômes en tout genre. La santé mentale prenait un versant plus positif, s'arguant de pouvoir décrire un individu dans un état de bien-être plus ou moins grand, et capable de mobiliser ses ressources afin de surmonter des difficultés et s'épanouir dans différentes sphères de vie.
Lors de consultations, il m'arrive d'entendre des patients me décrire leur quotidien, avec l'impression d'être vidé de toutes ressources et ne plus pouvoir faire face au quotidien. Cette réalité est rendue insoutenable avec l'obligation de voir le positif partout et de cultiver l'optimisme au quotidien. Bien que j'appréhende mon métier de psychologue intégrative comme un soutien, je considère que je ne suis qu'accompagnante des patients que je reçois, je ne serai pas toujours auprès d'eux, juste le temps qu'il faut. Ce temps est précieux car il permet de leur faire reprendre confiance en eux, en la vie et surtout de renouer avec leurs ressources et habilités. Pour ce faire, je ne pousse jamais à la positivité. Il me semble inacceptable de nier l'existence de la souffrance et des problèmes divers qui s'immiscent dans un quotidien. Cependant, je suis certaine qu'un mieux-être est possible, mais pas sans réflexivité. Trouver le bonheur est une quête qui ne doit pas être effrénée, menant inlassablement à un goût de trop peu. Par contre, tenter de trouver un apaisement et trouver une manière de faire face aux difficultés de vie, me semble plus pertinent. Même l'île la plus paradisiaque, avec les plus merveilleux couchers de soleil, n'est pas à l'abri de connaitre une tempête ou de l'orage. Il faut simplement en être conscient, non pas pour anticiper car on ne peut pas tout anticiper en vivant proactivement, mais en prenant conscience que la vie ne sera pas toujours aisée, et que chaque quotidien peut être bouleversé à tout moment, mais que lorsqu'il ne l'est pas ou pas trop, il est encore possible de trouver des ressources en soi et de les faire fructifier.
Cette vision de psychologie positive peut sembler être nombriliste, ne s'axant que sur l'individu, son bien-être, son bonheur, son optimisme. Mais ce n'est pas uniquement le cas car la psychologie positive permet également d'éclairer les relations sociales avec de l'altruisme, de l'empathie, de la bienveillance. Elle permet également d'envisager les relations sociétales sous un autre angle, en mettant en place de la coopération et de l'engagement. Les concepts de psychologie positive pouvant s'inscrire dans des contextes divers et variés, peu importe l'âge de l'individu et sa situation.
En effet, durant la scolarité, une empathie et une ouverture aux émotions (quelles qu'elles soient) de la part des enseignants, la mise en place de tutorat entre élèves d'âges et de possibilités scolaires différentes, le travail en groupe coopératif peuvent être des exemples de psychologie positive. Dans une vie professionnelle, la bientraitance entre collègues, la confiance de la part de la direction, l'éthique de l'entreprise sont d'autres exemples précieux. Dans le secteur médical et paramédical, l'empathie et la présence des soignants, l'humanisme dans les actes médicaux, la bonne transmission des informations sont également des exemples criants des impacts de la psychologie positive.
En résumé, la psychologie positive ne vise pas à l'injonction du bonheur à tout prix. Elle donne la possibilité d'entrevoir la vie de manière plus nuancée et plus juste, en tenant compte des difficultés, mais pas seulement. La prise en compte des ressources, des habilités, des forces, des qualités permet de redonner un sens au vécu et d'apaiser un tant soit peu le tumulte et le fracas du quotidien. Elle permet également, de s'inscrire dans une dynamique plus sécurisante pour autrui et empreinte de sens et d'éthique.
Si cet article a fait écho en vous, je vous conseille de vous pencher sur différents chercheurs clés de la psychologie positive, qui tous à leur image et en fonction de thématiques qui les prennent aux tripes, fournissent un panorama nuancé de ce pan méconnu de la psychologie : Ilios Kotsou, Matthieu Ricard, Thomas d'Ansembourg, Isabelle Filliozat, Christophe André, Caroline Lesire, Jonathan Haidt.
N'hésitez pas à partager cet article à des personnes qui sont susceptibles d'être intéressées, et n'hésitez pas à me contacter afin que nous puissions échanger à ce propos.
A bientôt au cabinet, Coleen Godart
コメント