La sexologie fonctionnelle et positive, quelles différences ?

Je l'annonçais il y a quelques semaines maintenant, je suis affiliée à la Société des Sexologues Universitaires de Belgique. En effet, lors de mes études de psychologie, j'étais déjà très intéressée par la sexologie, et j'avais à cœur d'en apprendre plus sur la sexualité humaine dans sa globalité. Par la suite, mon parcours salarié m'a conduit en oncologie et soins palliatifs, où les questionnements liés à la conjugalité, l'intimité et la sexualité des couples m'ont encore plus intéressés, car étant des tabous et des zones de non lieu. Dans une volonté de pouvoir développer plus d'outils et d'aiguiller au mieux les patients présentant des difficultés intimes et/ou sexuelles, j'ai donc décidé de me former via un certificat complémentaire en sexologie positive. Mais qu'est-ce donc que la sexologie positive ? Et quelle est la différence entre sexologie positive, fonctionnelle et clinique ?

La sexologie fonctionnelle, aussi appelée sexologie clinique, est une branche de la sexologie dont l'objectif est d'aider les individus à retrouver un équilibre satisfaisant au niveau personnel, relationnel et social. L'idée étant que la sexualité n'est pas innée, qu'elle nécessite un apprentissage relativement précoce dans le parcours de vie. Si une personne n'a pas reçu cette éducation et cet apprentissage à la vie sexuelle, il pourrait présenter un fonctionnement spécifique conduisant à des problématiques sexuelles. Dans ce cas, une sexothérapie fonctionnelle est indiquée afin de résoudre la difficulté, via un protocole précis. Ce protocole étant basé sur des théorisations et des modèles issus des sciences médicales et psychologiques.

La sexologie positive, celle dont ma pratique est issue, se base sur le lien étroit entre psychologie et sexualité. L'idée étant de responsabiliser les individus face à leur parcours, de développer une intelligence émotionnelle, conjugale, sexuelle et personnelle. De part cela, la sexologie positive permet d'aider à la communication, au développement de capacités pour résoudre des difficultés et à relancer une dynamique propice à l'épanouissement sexuel. L'idée ici étant de considérer la sexualité comme une composante normale de la qualité de vie, et comme toute autre composante, pouvant conduire à des problématiques diverses et variées, et non nécessairement à pathologiser. L'individu ayant en lui des fragilités mais également des forces au niveau de son imaginaire sexuel. Dans ce cas, les accompagnements ne suivent pas des protocoles, mais sont issus d'une co-construction entre le sexologue et le patient, car l'épanouissement sexuel prend des formes différentes en fonction des individus et chaque accompagnement est à individualiser.

! Bien entendu, dans ces descriptions, les traits sont forcés et issus, uniquement, des courants théoriques divergents de l'un et de l'autre. Des sexologues fonctionnels peuvent également viser une co-construction avec le patient, ce qui est, comme en psychologie, d'une grande importance pour la visée thérapeutique du lien, et qui est prédictible de changements durables.

Considère-t-on les difficultés et troubles sexuels en sexologie positive ?

Bien sûr, les difficultés et troubles sexuels peuvent être pris en charge et accompagnés, même lorsque l'on ne pratique pas de sexothérapie fonctionnelle. La sexologie positive cherchant simplement à encourager l'individu présentant une difficulté, et à l'accompagner vers d'autres professionnels de la santé (par exemple, gynécologue, urologue,...) tout en lui permettant d'adopter une posture de réflexivité et de recherche par rapport à son épanouissement sexuel. A ce titre, la sexologie positive permet de recourir à divers outils mais également à une expérimentation menée par le patient lui-même, afin qu'il puisse développer de nouvelles compétences sexuelles propices à un épanouissement. C'est d'ailleurs cette vision qui m'a séduite dans le choix de mon orientation sexologique, car pour ceux qui m'ont déjà consulté, j'aime considérer que le patient a en lui des ressources et qu'il est le plus grand connaisseur de lui-même ; le thérapeute n'étant qu'une aide ponctuelle sur son chemin de vie.

Pourquoi parler de sexualité en cabinet ?

Parler de sexualité n'est pas toujours simple, et encore moins avec un professionnel de la santé que l'on ne connaît pas. Pourtant, il y a bien longtemps que la sexualité n'est plus uniquement procréative. La sexualité fait maintenant tout à fait partie des composantes de vie d'un individu, l'OMS parle d'ailleurs de santé sexuelle, comme étant « un indicateur fondamental pour la santé et le bien-être des personnes, des couples et des familles, mais également pour le développement social et économique des communautés et pays ». De ce fait, il est particulièrement important de recevoir des informations de qualité sur la sexualité, mais également de pouvoir être accompagné par des professionnels de la santé sexuelle si un besoin se fait sentir. Comme pour toute autre difficulté quotidienne, par exemple, pour une gêne dentaire, le recours à une consultation chez un dentiste existe, donc pourquoi ne pas consulter un sexologue lorsqu'il y a une difficulté ou un questionnement au niveau de la vie sexuelle ?

D'autant plus que la sexualité est souvent décriée avec des normes tant en terme de partenaires sexuels, que de quantités de rapports sexuels à avoir,... Toutes ces normes sont autant de pressions qui ne tiennent pas compte des composantes pourtant si importantes d'une vie sexuelle épanouie :

-l'aspect neurophysiologique et biologique : la sexualité étant basée sur une mécanique relativement complexe pouvant être déstabilisée à de multiples reprises, notamment de part une consommation de substances, avec certaines maladies, suite à un accouchement ou à un changement de contraception, en prenant de l'âge,...

-l'aspect psychologique : la confiance en soi, le rapport à son corps et à celui de l'autre, d'éventuels traumas vécus, des tracas quotidiens pèsent à des intensités différentes sur la permissivité du recours à une sexualité,...

-l'aspect relationnel et/ou social : la relation tissée avec un éventuel partenaire, l'orientation sexuelle, la présence ou non de désir pour autrui,...

-l'aspect contextuel : le poids des constructions historiques et culturelles, l'environnement non favorable à une activité sexuelle,...

Tous ces facteurs étant tant des facteurs aidants que des facteurs limitants de l'épanouissement sexuel, et qui ne sont malheureusement pas assez soulignés lorsque l'on parle de vie sexuelle... Un accompagnement psycho-sexologique peut donc avoir toute son importance afin de considérer, l'espace d'une consultation, la sexualité sous toutes ses composantes et manifestations.

Cette vision de la sexualité vous inspire ? Nous pouvons nous retrouver en cabinet pour en discuter, et adapter cette vision à votre vie intime et sexuelle.

Vous pouvez également vous procurer le livre d'Alexandra Hubin "Je sexopositive !", qui reprend la philosophie globale de la sexologie positive en l'appliquant à la vie intime et sexuelle du couple, avec une grande légèreté. L'ouvrage d'Iv Psalti "La sexualité positive" est également un must-have pour découvrir cette approche, avec des conseils pratiques pour tout un chacun. Enfin, je vous recommande le roman graphique "L'incroyable histoire du sexe" qui va vous permettre de partir à la découverte de l'histoire de la sexualité et de la sexologie, mais également des pratiques sexuelles au tour du globe; un livre instructif et désarçonnant à divers moments.

Bonne lecture et bientôt au cabinet, Coleen Godart